La presse














UNE FEMME NORMALE-A-EN-MOURIR
Théâtre du Pont Neuf- octobre 2011

Une femme normale-à-en-mourir, quand on contraint son corps et son âme à remonter à l’origine du langage, à l’aube de la découverte du feu par les hommes ? Où tout n’était qu’instinct de survie ? Dans cette pièce, qui fait donc appel à la mythologie de nos ancêtres, la danseuse est la mère de tous les hommes, la femme-terre-argile qui porte les siècles d’histoire de l’homme depuis leur passage de la nature à la culture : la porteuse du temps écoulé, à rebours (d’où une parfaite adéquation entre le texte de Jan Fabre et sa présence).

L’interprétation est très belle, parce qu’on sent que la danseuse met en scène son aube personnelle, le surgissement de sa propre matière dans la civilisation. Sa danse est celle de ses muscles, de son corps. Elle est toute à ça. La chose est très juste, parce qu’on ne pense plus « danse ». On oublie qu’elle danse. La scénographie est en parfaite osmose avec le corps. Nous sommes dans une grotte – un théâtre-grotte qui met en exergue l’opposition nature/culture. Cette transplantation de la nature dans la civilisation est un raccourci saisissant, du fait même de cette opposition.

France David
Ecrivain, danseuse, metteur en scène



Il y a « une double trajectoire entre la métamorphose du matériau en même temps qu'un travail de récursivité (dans le texte, les éléments qui reviennent, dans la bande-son, des variations autour d'objets). Cette double dynamique est très opérante et donne au texte de Fabre une très belle densité. Les lumières, la scénographie, la mise en espace, sont  cohérents et justes, les 50 minutes passent très vite !!! »

Pierre Jodlowski
Compositeur
©2010 JP Montagné




                                ©2010 JP Montagné

A deux voix – tantôt nues, tantôt enregistrées, ici « normales », là déformées, grondantes et pleines d’échos – s’y dévoile le parcours d’une femme affrontée à un corps qu’elle rejette, à un homme qui tente de la ramener à la raison commune. Entre ces voix, ou avec elles, dansent et la femme et le corps renié, formant trois temps vécus dans autant d’espaces : celui de la femme s’appliquant encore à respecter les diktats de la séduction, celui du rejet et de l’égarement, celui enfin d’une prise de conscience et d’une acceptation que conclut la dernière phrase du spectacle : « Car j’ai toujours voulu être un homme ».
Commencé en 2006 et conçu dès le départ pour passer par divers états et moyens – dessins sur le vif, vidéo, création sonore -, ce travail explore, on le devine, les interactions du texte et du corps. Le premier, délicat à suivre, déroute. Le second s’adonne à une mise en forme chorégraphique de belle tenue au sein d’un univers sonore parfois agressif, toujours dérangeant, dû à François Donato du collectif éOle, habillé d’ombres claires par Christian Toullec. Puissant ou inaccessible selon qu’on en saisit ou non les codes sous-jacents, un spectacle « pour public averti ».

Jacques-Olivier Badia, Direct Matin, 27 octobre 2011


Mais voilà : l’interprète est là, passionnée et passionnante dans son évidence authenticité à faire vivre un texte du très provocateur anversois Jan Fabre sur cette femme qui cherche en elle-même, dans un dialogue d’une profonde sincérité avec un interlocuteur invisible mais très prégnant, de quel genre humain elle est issue et dont elle est pétrie – comme de cette glaise originelle dont elle s’enduit littéralement. Fabienne Larroque est ravissante, sa plastique irréprochable, sa gestuelle expressionniste avec simplicité. Elle évolue au gré des mots de l’auteur, voix féminine, voix masculine alternées ou simultanées sur une musique subtilement présente de François Donato, du collectif éOle. (…) Une performance.

J.A.C, la Gazette du Midi 5-11 décembre 2011




Pendant près d’une heure, Fabienne Larroque est seule en scène et offre son corps et son interprétation au texte de Jan Fabre. Son entrée nous met directement dans l’ambiance. Plongée dans le noir, la comédienne entre en scène en fumant un gros cigare, dont on voit seulement le rougeoiement percer l’obscurité, sur un fond sonore actuel et angoissant. L’odeur est forte, puissante et tenace, elle restera tout au long de la représentation.
Juchée sur un perchoir, Fabienne Larroque commence sa performance, telle une sorcière à la chevelure rouge flamboyante. Ses gestes sont saccadés et morcelés… Elle joue sur le rythme, les attitudes et les intonations. Puis elle se badigeonne de boue et plus elle se transforme, plus elle devient belle. A mesure que le spectacle évolue, Fabienne se sublime.

Cyriel Tardivel, La Théâtrothèque, 2 novembre 2011









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